• Le Requiem des abysses

    Le Requiem des abysses



    Le Requiem des abysses, de Maxime Chattam
    Editions Albin Michel, 454 pages, 22€

     

     


       Le Requiem des abysses
    Au début des années 1900, la France est en proie à d'étranges phénomènes. A Paris, les momies disparaissent des musées, les médiums succombent à des morts mystérieuses, et les rumeurs les plus folles courent les cercles occultes. A quelques kilomètres de là, dans les campagnes, une chose sans nom décime des familles entières selon des rites d'une infinie barbarie.
    Hanté par ses propres démons, fasciné par le Mal, le romancier Guy de Timée se lance à la poursuite de la créature.
    Après Léviatemps, le nouveau thriller de Maxime Chattam nous entraine des brumes du Vexin à celles d'un Paris ésotérique dans un terrifiant voyage dans le temps et le doute.


    Le Requiem des abysses


    Nous avions laissé Guy et Faustine en pleine fuite de l'horreur qui les avait pourchassés dans tout Paris. Nous les retrouvons, à peine apaisés, dans la campagne profonde, loin des troubles de l'Exposition Universelle qui brille encore dans la capitale. Pourtant le Destin peut se montrer vicieux au point de les remettre tous les deux sur le chemin de l'horreur à l'état pur. Mais le Mal veut son public, et il n'y a que Paris qui peut assouvir sa soif de reconnaissance. Est-ce réellement le Destin qui joue avec le couple, ou alors le fantôme d'un passé si proche pas tout à fait endormi ?

     
    Troublant ! C'est avec un mélange d'excitation et d'impatience que j'ai ouvert ce dernier Maxime Chattam. Mon admiration pour cet auteur n'est plus à prouver et j'aime quand ses mots continuent de me surprendre page après page. Et encore une fois, le pari est plus que réussi.
    C'est avec tendresse que nous retrouvons Guy et Faustine et avec déchirement que nous les revoyons plonger dans l'horreur la plus totale. Pourquoi tant d'acharnement sur deux êtres qui ont déjà trop vécu ? Mais comme Guy, nous sommes attirés dans les tréfonds du Mal avec cette envie incontrôlable de savoir. Pourquoi ? Pourquoi l'Homme est-il capable de telles atrocités ? Mais surtout, comment ? L'auteur nous prend sous son aile et comme toujours, nous montre tout, sans ménagement. La recette d'une lecture passionnante.

    Au milieu du chaos scintille le rêve d'un renouveau. D'une renaissance. Guy et Faustine cherchant à se reconstruire, à se pardonner, pour mieux s'aimer. Un monstre mettant en scène sa renaissance. Une quête de l'immortalité pour un autre, d'une résurrection. Que faut-il comprendre ? Avons-nous tous une seconde chance ? Avons-nous ce luxe de tout reprendre à zéro ? Est-il utile de chercher une réponse ou faut-il simplement essayer et espérer ? Au travers de chaque personnage, les points de vue différent et le lecteur doute sans cesse. C'est pour moi, le coeur de cette histoire, ce besoin de changement que chaque être ressent un jour, cherche à exprimer, à mettre en oeuvre, à sa manière. Mais y a t-il seulement un résultat ? L'épitaphe clôturant ce roman est lourd de sens et de vérité laissant le lecteur sur la sensation que le Monde bouge sans vraiment avancer.
    Le côté surprenant de ce roman repose dans sa double histoire, là où tout devrait se finir, l'histoire ne fait en réalité que commencer et nous replonge au coeur de Léviatemps. Le contraste entre la première et la seconde "enquête" est frappant et bouleverse tout le style de l'histoire. Là où nous avions débuté avec une sauvagerie démesurée, des crimes allant au-delà de la barbarie, dans un contexte nature, sans fioriture, brut, nous retournons dans un Paris paré de ses plus beaux atours pour garder en son sein toute la finesse de l'horreur et de la perversion. Ce sont deux histoires si différentes et complémentaires qui se déroulent sous nos yeux et nous tiennent en haleine du début à la fin, et même peut-être encore plus loin...

    Au milieu des personnages déjà très présents dans Léviatemps, nous découvrons d'autres personnalités complexes au coeur du Vexin. Mais Guy et Faustine restent les personnages les plus profonds et attachants, auxquels nous ne souhaitons qu'une vie paisible pour panser leurs blessures, mais il en sera autrement. Nous assistons à la descente du romancier dans les abysses du Mal, avec pour seul attache la douce Faustine et son amour pour elle, pendant qu'elle-même s'inquiète pour celui qu'elle aime d'un amour pur, sincère et réconfortant.
    Maximilien Hencks reste le même personnage discret et inquiétant duquel il est toujours difficile de lever tout soupçon. A la fois toujours là et autoritaire, il sait se faire oublier et rester dans l'ombre, tel un chasseur surveillant sa proie.
    Nous retrouvons également Gikaibo, le gros japonais oeuvrant au Boudoir, que l'on découvre blessé au fond de lui et totalement dévoué à la cause de Guy.
    Et enfin, Perotti, celui qui avait assisté Guy et Faustine durant Léviatemps, ce personnage d'abord étrange, puis attendrissant et efficace dans la traque d'Hubris, qui nous montre ici encore bien d'autres talents.

    Dois-je vraiment revenir sur le style de l'auteur ? Maxime Chattam s'impose encore une fois comme un maitre du thriller. Tout y est : les chapitres courts se finissant sur une note de suspense, les phrases courtes, cinglantes et accrocheuses, la noirceur des scènes et des personnages, le côté pervers et malsain. Tout ce qu'il faut pour ne plus vouloir lâcher le livre avant de l'avoir fini. Ajouter à tout cela l'ambiance de 1900 terriblement bien décrite et mise en scène, reflétant la recherche effectuée par l'auteur pour coller au mieux à l'époque, que ce soit par le langage mais aussi par les descriptions et les décors. Et enfin, de page en page, les rebondissements ne cessent de nous mener sur les nombreuses pistes de suspects, nous faisant croire un temps détenir la clé, pour mieux nous faire déchanter la page suivante, mais jamais avec excès, en restant toujours très crédible. Tout un art !

    Je recommande ce livre à tous les amoureux du thriller, après avoir lu Léviatemps évidemment, et je le dis et le répète, nous avons la chance d'avoir un auteur de thriller très talentueux, en France, en la personne de Maxime Chattam, il faut absolument le découvrir si ce n'est déjà fait ! Et pour revenir à ce roman, il s'adresse à un public adulte car certaines scènes sont très dures et ne s'adressent absolument pas à un public jeune non averti.

    Et pour terminer, une citation tirée de l'épitaphe: " Les époques passent mais les hommes ressassent encore et encore les mêmes choses. Ce sont les mentalités qui changent, pas ce que les hommes vivent. "

     

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  • Commentaires

    1
    Lundi 26 Septembre 2011 à 19:54

    J'ai adoré ces deux bouquins autant par l'intrigue que par l'environement. Chattam que j'ai découvert avec Léviatemps est un auteur irrésistible par son style, j'ai poursuivi ma découverte de l'auteur par la trilogie du mal que j'ai dégusté avecpassion mais il faut avoué que j'ai calé sur Autre monde qui est un peu trop ado pour moi...Félicitations pour ton site et bonne continuation... 

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